Accueil A la une Pénurie et perturbation d’approvisionnement : Touche pas à mon pain

Pénurie et perturbation d’approvisionnement : Touche pas à mon pain

Il ne se passe pas un mois sans que la Tunisie ne connaisse une crise au niveau de l’accès à certains produits de base. Carburants, riz, farine, lait et maintenant c’est au tour du pain de marquer une pénurie. La situation est tellement préoccupante que des files d’attente interminables ont été observées devant les boulangeries dans différents gouvernorats du pays.

Des personnes de tous âges et de toutes conditions sociales s’étaient rassemblées, ces derniers jours, devant les boulangeries, leurs regards fatigués et anxieux traduisant les difficultés qu’ils traversent pendant cette crise.

Les files d’attente s’étendent souvent sur plusieurs mètres. Des hommes et des femmes se tiennent patiemment, leurs visages marqués par la fatigue et l’inquiétude. Certains portent des paniers vides, dans l’espoir de pouvoir acheter quelques pains pour nourrir leur famille. D’autres serrent fermement des pièces de monnaies entre leurs doigts, leur unique espoir de pouvoir acheter du pain, devenu rare.

Les conversations parmi les personnes dans la file d’attente sont teintées d’une frustration et d’une anxiété palpables. On entend des murmures d’inquiétude, des récits de difficultés rencontrées pour se procurer du pain ces derniers temps. Des regards désespérés se croisent, reflétant la détresse partagée par tous ceux qui ont été touchés par cette pénurie.

La situation est tellement préoccupante que le chef de l’Etat Kais Saied a brisé le silence, appelant à des solutions immédiates. « Le problème de pénurie de pain sera réglé, au cours des prochaines heures », a déclaré lundi le Président de la République Kaïs Saïed, estimant que des parties connues sont derrière le manque enregistré en produits de base.

« Ces parties veulent créer une crise d’approvisionnement qui pourra concerner également les hydrocarbures », a ajouté Saied, en marge de sa visite au siège du ministère de l’Agriculture, estimant que l’administration doit être au niveau des attentes pour faire face à ces phénomènes.

Au cours de son entretien avec le ministre de l’Agriculture Abdelmonam Belati, le chef de l’Etat a affirmé que « la pénurie du pain et des produits de base est une ligne rouge. Certains cercles et lobbies cherchent à exaspérer la situation, leurs noms sont connus », a ajouté Saïed. Et de poursuivre « qu’il n’est plus question de parler de pain classé et non classé.

Le pain doit être mis à la disposition des citoyens, ainsi que les produits de base et l’office des céréales doit jouer son rôle ainsi que toutes les autres administrations », a-t-il appuyé.
Pour Saied « cette situation ne peut plus durer, en laissant ces personnes manipuler les moyens de subsistance et la vie des citoyens en inventant à chaque fois une crise, dont celles du pain, du sucre et de l’huile végétale ».

« La pénurie de produits s’inscrit dans le cadre de l’exaspération de la situation pour des raisons politiques connues, ce qui nécessite une prise de conscience du peuple », a indiqué le chef de l’État, appelant tous les responsables au sein de l’administration à assumer leurs pleines responsabilités en toute impartialité et servir l’intérêt général.

« Il est inadmissible qu’un responsable envisage de servir des partis politiques ou des parties qui n’apparaissent pas au-devant de la scène, mais qui sont très actives. Nous connaissons leurs noms et nous ne nous tairons plus face à cette situation », a-t-il dit.

Le Président de la République a appelé l’Office des Céréales à réviser les lois si elles bloquent le travail. « Les mesures ne doivent pas retarder les transactions et l’approvisionnement des marchés, surtout, que les réglementations sont mises en place pour servir les intérêts de la société et les citoyens ».
« Celui qui n’assume pas sa responsabilité il n’a pas de place au sein de l’administration tunisienne », a encore affirmé Saïed.

Aux origines de la crise

Au fait, il y a deux semaines, Mohamed Bouanane, président de la chambre nationale des boulangeries avait pourtant averti contre une telle crise. Il a laissé croire que le pain manque énormément dans les différentes boulangeries. Il a expliqué cette situation par le retard accusé au niveau de l’importation de quantités de blé.

Et d’affirmer que plusieurs boulangeries ont fermé leurs portes provisoirement en raison du manque de farine, appelant les autorités à trouver des solutions urgentes.

La Tunisie connaîtra une pénurie de pain, si les autorités ne tiennent pas leurs engagements, a souligné, pour sa part, le groupement professionnel des boulangeries modernes, relevant de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT).

Le groupement a réitéré, mercredi dans un communiqué, son appel au ministère du Commerce et du Développement des exportations, de respecter ses engagements envers les professionnels en vue d’éviter la dégradation de la situation.

Il a exprimé son inquiétude au sujet de la continuité du problème de la pénurie de la farine et de la semoule depuis plus de trois mois dans tout le pays, laquelle situation a engendré la fermeture de plusieurs boulangeries. Le groupement professionnel a, ainsi, appelé à la rationalisation de la consommation du pain.

Il convient de rappeler que Le groupement professionnel des boulangeries modernes, relevant de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) a exprimé, dans un communiqué publié le 4 avril dernier son inquiétude face à la persistance du manque enregistré, dans toutes les régions et surtout sur le Grand Tunis, Kairouan et Monastir, en matière d’approvisionnement en farine et en semoule, alertant quant aux éventuelles répercussions de ce manque sur l’offre en pain.

Le ministère rassure

La ministre du Commerce, Kalthoum Ben Rjeb, a apporté quelques éléments de précision pour comprendre cette crise. Elle précise que le blé tendre utilisé dans la fabrication du pain est disponible, mais le problème réside dans une pression exercée sur la farine en raison de perturbations dans l’approvisionnement en blé dur, ce qui a entraîné une absence de pain dans plusieurs régions du pays.

La ministre a clarifié que le problème de pénurie d’approvisionnement s’est produit pendant le week-end dans plusieurs boulangeries. Elle a rassuré quant à la disponibilité de cette matière première pendant l’été, appelant les citoyens à ne pas paniquer.
Plus récemment, le département a, encore, expliqué que les importations de blé tendre, destinées à la confection du pain, ont été revues à la hausse.

Concernant la semoule, la même source a indiqué que de nouvelles quantités seront injectées sur le marché, notamment dans les gouvernorats marqués par une demande importante de ce produit.

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